Animer une formation face à des apprenants qui n’ont pas choisi d’être là.
(Promis, tes bras te diront merci à la fin de cette édition ! 🚣)
Bonjour 👋
Bienvenue dans cette 30e édition de Superformateur !
Tu l’as peut-être déjà vécu en tant que formateur : tu arrives dans une salle, tu te présentes, tu expliques les objectifs de la formation… et là, c’est le drame.
Tu sens, dans leur regard ou silences, que quelque chose ne va pas du tout.
De tout évidence, tes apprenants n’ont pas choisi d’être là.
Formation obligatoire, imposée par le manager ou encore réglementaire,… Peu importe la raison, le résultat est le même : leur engagement est faible voire inexistant.
Et dans ces moments, tu… :
Alors, comment créer une dynamique d’apprentissage positive malgré tout ?
Dans cette édition, je te partage des leviers concrets pour (re)donner du sens, instaurer un climat propice à l’apprentissage, et susciter l’adhésion dans des contextes a priori défavorables.
Comprendre les raisons du rejet.
Avant de chercher à tout prix l’adhésion de tout le monde, encore faut-il que tu comprennes pourquoi tes apprenants n’accrochent pas.
Distingue contrainte externe et rejet interne :
Pour commencer, il est important de faire la différence entre :
Un participant qui n’a pas choisi de venir mais est prêt à s’investir une fois sur place,
et un participant qui rejette en bloc la formation, son contenu, ou la manière dont elle est imposée.
Le premier peut être « rattrapé » rapidement tandis que le second demandera un travail de fond sur la posture, la relation et les mécanismes d’adhésion.
Cartographie les freins :
En tant que formateur, tu peux rencontrer de nombreux freins chez les participants. Parmi les plus fréquents, on retrouve :
Les freins cognitifs : « Je ne comprends pas pourquoi je suis là », « Je ne vois pas l’intérêt »
Les freins émotionnels : un sentiment de frustration, de colère, d’anxiété ou encore d’ennui,
Les freins identitaires : « Ce contenu ne me correspond pas », « Ce formateur ne me ressemble pas »
Les freins contextuels : manque de temps, surcharge mentale, formation mal programmée
Pour identifier ces freins, tu peux proposer en début de session une activité “brise-glace” du type “ce que je pense de cette formation en 3 mots” (anonyme ou pas).
Cette activité rapide te permettra de prendre le pouls du groupe, d’ajuster ton discours, et surtout de montrer que tu n’es pas né de la dernière pluie et que tu n’es pas dupe de la situation.
(Tu peux également fusionner cette activité dans ton tour de table).
Créer de la valeur perçue dès les premières minutes.
L’engagement des apprenants ne naît pas toujours du contenu lui-même. Il relève presque d’un art… ou d’une science.
La bonne nouvelle, c’est qu’il existe une méthode : formuler, dès le départ, une promesse claire, concrète et immédiatement pertinente pour eux.
Travaille ton pitch pédagogique :
Dans un tel contexte, l’introduction est ta zone critique.
Rapidement, tu dois pouvoir répondre aux 3 questions implicites que se posent les participants :
« Pourquoi on est là ? »
« En quoi ça me concerne ? »
« Qu’est-ce que je vais en tirer ? »
Mais attention : il ne s’agit pas de réciter les objectifs pédagogiques formels. Il s’agit de parler en langage apprenant, avec des exemples concrets, ancrés dans leurs réalités professionnelles.
Exemple : Plutôt que de dire « aujourd’hui, on va travailler les compétences d’animation », essaie plutôt :
« Aujourd’hui, on va voir comment capter l’attention d’un groupe (même quand tu sens qu’ils préfèrent être ailleurs). »
Crée un “choc d’utilité” :
Tu peux aussi démarrer avec une démonstration éclair : une mise en situation courte, un chiffre marquant, une anecdote vécue ou une question volontairement provocatrice.
Exemples :
« Quel est selon toi le pourcentage de ce que retiendra un apprenant après 3 jours ? »
« Est-ce que tu te souviens d’une formation que tu as détestée ? Pourquoi ? »
Objectif : installer un effet miroir, pour que chacun puisse se dire : « ok, ça peut vraiment me servir ».
Miser sur la relation, pas seulement sur le contenu.
Si tu ne sens pas d’engagement par rapport à ton contenu, mise sur la relation.
Utilise ta posture comme levier d’adhésion :
Dans des contextes contraints, tu ne peux pas te contenter d’un rôle de “transmetteur de savoir”.
Tu dois donc changer de posture et devenir un véritable facilitateur qui réconciliera l’apprenant avec ta formation.
Pour cela, tu dois conjuguer 3 dimensions :
Clarté : tu expliques le cadre, tu assumes ta posture,
Empathie : tu entends les résistances sans les nier ni les juger,
Flexibilité : tu ajustes le rythme, les modalités, l’approche si besoin.
Une astuce (que j’utilise souvent dans ce contexte) : verbalise ton ouverture dès le début. Exemple :
« Je sais que pour certains, ce n’est pas forcément une formation choisie. Mon objectif, c’est qu’on y trouve tous un intérêt, même modeste. »
Co-construire des moments de respiration
Laisse de la place pour que les participants expriment leur rapport à ce qu’ils vivent.
Quelques pistes :
Micro débats ou “avis partagés” (ex. : “à 100% d’accord, pas du tout d’accord”)
Témoignages croisés entre participants
Petites rétroactions régulières (“qu’est-ce qui vous a marqué ?”, “qu’est-ce que vous garderiez pour demain ?”)
Objectif : passer d’un rapport de consommation passive à une dynamique contributive (même légère).
Créer du sens… et communiquer !
Sache que malgré toute ta bonne volonté, certains participants resteront dans une forme de retrait.
Il ne s’agit pas d’un échec : c’est juste une donnée à intégrer dans ta stratégie pédagogique.
Différencie les chemins d’apprentissage
Propose plusieurs portes d’entrée dans le contenu :
Des supports synthétiques pour ceux qui veulent aller à l’essentiel,
Des études de cas pour ceux qui préfèrent le concret,
Des moments de réflexion individuelle pour les introvertis,
Des échanges courts en binômes pour les plus à l’aise à l’oral.
L’idée est d’avoir toujours un format dans lequel chacun peut s’engager à sa manière, même brièvement.
Et si tu n’as aucune idée du contexte avant d’arriver en formation, anticipe cette situation et crée des formats dès le départ.
Ancre le contenu dans l’expérience vécue :
Plutôt que de dérouler un programme figé, repars des situations vécues par les participants. Même les plus réfractaires auront quelque chose à dire sur leur quotidien.
Quelques exemples :
Mises en situation ouvertes : “Et toi, tu ferais comment ?”
Ou chacun liste un point bloquant et tu y reviens dans ta formation.
Former dans un tel contexte n’est pas une exception, c’est souvent la norme.
Ton rôle n’est pas de convaincre coûte que coûte les réfractaires, mais plutôt d’ouvrir des espaces (même modestes) où chacun peut se sentir considéré.
L’engagement ne se décrète pas : il se construit à partir de ce que l’on reconnaît chez l’autre, de ce que l’on rend utile et de ce que l’on accepte de transformer dans sa manière d’animer.
Et parfois, c’est justement dans ces contextes difficiles que naissent les plus belles surprises.
Voilà, c’est tout pour cette édition.
On se retrouve la semaine prochaine pour le décryptage d’une nouvelle pratique.
À très vite,
— Quentin 💌
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Merci pour ces conseils. J'ai déjà vécu cette situation et avais utilisé sans le formaliser certaines de vos techniques... J'ai maintenant des outils supplémentaires pour mieux aborder ce genre de contexte.
Merci.