Co-animation : comment éviter les faux pas ?
Tous les bons réflexes pour co-animer sans que ça vire à un combat de coq. 🥊
Bonjour 👋
Bienvenue dans cette 37e édition de Superformateur !
Superformateur tire sa révérence…
Pour mieux revenir !
La saison 1 s’achève, mais rendez-vous le jeudi 11 septembre pour le lancement de la saison 2.
Nous mettons cette pause estivale à profit pour repenser le format et vous concocter de nouveaux rendez-vous encore plus inspirants dès la rentrée.
Bel été à vous.
Et merci pour votre fidélité
💚
Comment co-animer une formation sans qu’on se marche sur les pieds avec mon collègue ?
C’est une question qui est revenue à plusieurs reprises lors de l’atelier que j’ai récemment animé chez Business France.
Tu l’as compris : on va s’attaquer à un sujet aussi stimulant que délicat : la co-animation d’une formation. Animer à deux (ou plus), c’est l’occasion d’enrichir les idées, de varier les dynamiques d’apprentissage ou de croiser ses points de vue.
Mais ce format peut aussi devenir un terrain glissant avec le risque de voir apparaître maladresses, rapports de pouvoir implicites, frustrations silencieuses pendant l’animation.
Tu t’es peut-être déjà retrouvé(e) dans l’une de ces situations :
L’autre formateur monopolise la parole,
Vous avez deux visions pédagogiques qui s’opposent,
Ou au contraire, vous évitez tout conflit en laissant un grand vide dans l’animation.
Alors comment faire pour que la co-animation ne vire pas au cauchemar ?
Dans cette édition, je te propose une exploration ultra-concrète des leviers pour mieux préparer, orchestrer et ajuster une co-animation, sans jamais te marcher sur les pieds (ni marcher sur ceux de ton binôme).
Co-animer une formation : entre promesses et fausses bonnes idées.
Co-animer, ce n’est pas juste partager le temps de parole. C’est surtout construire une dynamique pédagogique complémentaire, à plusieurs voix, au service des apprenants.
Trois bénéfices majeurs quand c’est bien fait :
Effet miroir pédagogique : deux postures différentes permettent à l’apprenant de trouver celle qui lui parle le plus.
Équilibre rythme et énergie : l’un peut dynamiser pendant que l’autre structure.
Sécurisation mutuelle : en cas d’imprévu ou de difficulté, le binôme prend le relais.
Mais attention.
La co-animation peut être aussi une très mauvaise idée si vous vous dîtes que :
“On est deux, donc ce sera plus simple” : Non, c’est beaucoup plus complexe.
“On va improviser, ça ira, t’inquiète” : Sans répartition claire, l’improvisation peut vite vire à la compétition.
“On a toujours fait comme ça, pas de raisons de s’entraîner” : Une habitude de co-animation peut saboter la qualité pédagogique.
Co-animer requiert de vraies compétences.
En amont : poser les fondations d’une (bonne) co-animation.
Une co-animation réussie se joue avant la formation. Trop de duos se lancent sans clarification ou entraînement, pensant que leur bonne entente suffira. Voici 5 points à valider en amont, lors de l’étape de briefing :
Clarifier vos rôles respectifs :
Qui pilote la séquence d’introduction ?
Qui gère les transitions ?
Qui prend la main sur les moments de tensions ou de conflits avec les apprenants ?
Astuce n°1 : répartissez les rôles non pas en fonction du temps (“moitié/moitié”) mais en fonction de vos forces respectives (expertise, posture, style).
Identifier vos zones de convergence (et de divergence) :
Quels sont vos accords pédagogiques ?
Quels sont vos désaccords assumés ?
Quelles sont vos limites personnelles ? (ex : “je ne me sens pas à l’aise pour improviser sur tel sujet”)
Astuce n°2 : Mieux vaut identifier et nommer ses points de divergence plutôt que de les laisser surgir à chaud devant les apprenants.
Définir un code de communication discret :
Quelle gestuelle ou mot-clé utiliser si l’autre dérape ou dépasse ?
Que faire si l’un sent que le groupe décroche et veut réagir ?
Astuce n°3 : Un simple post-it ou geste discret peut sauver une séquence.
S’accorder sur les objectifs prioritaires :
Qu’est-ce qui est non-négociable pour toi dans cette formation ?
À quoi reconnaîtrez-vous que la formation est réussie, en tant que duo ?
Astuce n°4 : Alignez vos priorités respectives et communiquez-les.
Pratiquer ensemble (même brièvement) :
Faites un test de 15 minutes sur une séquence.
Observez-vous mutuellement et donnez-vous du feedback.
Astuce n°5 : Co-animer sans s’être vus en situation, c’est comme danser à deux sans avoir répété.
Pendant : fluidifier l’animation en temps réel.
Une fois dans le feu de l’action, il s’agit de rester synchronisé(e) sans rigidité. Voici les réflexes à adopter :
Laisser respirer son binôme :
Ne pas couper la parole (même pour “compléter utilement”)
Respecter les silences ou hésitations de l’autre sans les combler automatiquement
Observer la dynamique groupe-binôme avant d’intervenir.
Gérer les transitions avec soin :
Les moments de passage de relais sont des nœuds pédagogiques. S’ils sont trop brusques, ils brouillent l’attention et s’ils sont trop flous, ils font perdre du temps.
Voici ici quelques exemples de transitions efficaces :
“Je te laisse approfondir cette partie avec un exemple terrain.”
“Je reprends la main pour la mise en activité, sauf si tu veux compléter avant ?”
Si ta transition est annoncée, fluide et donne du sens, ta formation sera beaucoup plus structurée pour l’apprenant.
Soutenir sans surjouer :
Ton collègue animateur est en difficulté ? N’interviens pas frontalement et propose de :
Poser une question qui relance : “Tu veux que je reformule ce point ?”
Valider une idée tout en préparant la suite : “Je rebondis sur ce que tu viens de dire…”
Créer une respiration : “Et si on prenait une minute pour noter vos idées ?”
Abstiens-toi de corriger ton binôme et mets ton attention dans la protection du collectif.
Après : débriefer sans langue de bois.
La qualité d’une co-animation se mesure aussi après coup.
Mais attention : un mauvais débrief peut abîmer de prochaines collaborations.
Je te donne les clés pour réaliser un débrief qualitatif.
Un bon débrief c’est :
Un retour à chaud sur ce qui a bien fonctionné (contenu, dynamique, répartition, ressenti) et ce qui n’a pas bien fonctionné,
Une analyse des frictions éventuelles (ici pas de jugements ni accusations),
Des décisions concrètes pour la prochaine fois (ex : “Tu prends la main sur les consignes, je reste en retrait sur cette partie”, “On inverse les rôles sur la prochaine journée”, etc.)
Utilise des phrases “je” et des faits concrets et observables. Évite aussi les interprétations (“(ouin-ouin) tu ne m’as pas écouté(e)” ou “(ouin-ouin) quand j’ai commencé à parler, tu as repris la parole au bout de 10 secondes”).
Et ensuite ?
Si vous êtes appelés à re-co-animer régulièrement, construisez une fiche de rôles partagée ou un déroulé pédagogique commun structuré pour une animation à “deux voix” (que vous pourrez ajuster à chaque nouvelle co-animation).
Si c’était une co-animation ponctuelle, prends le temps d’écrire ce que tu as appris sur ta posture de formateur ou formatrice grâce à cette expérience.
Peu importe la situation d’animation, tu apprendras forcément de cette expérience.
Pour conclure :
Co-animer une formation, c’est tout sauf un exercice facile.
C’est un format qui exige de la clarté, de l’humilité (beaucoup), de l’écoute et un vrai travail préparatoire.
Mais c’est aussi une formidable opportunité de progresser dans ta posture de formateur : tu n’es plus seul(e), tu t’exposes, tu ajustes en direct, tu accueilles d’autres façons de faire.
En soignant ta co-animation, tu offriras à tes participants une qualité pédagogique renforcée.
Voilà, c’est tout pour cette édition.
On se retrouve le jeudi 11 septembre pour le lancement de la saison 2 et le décryptage d’une nouvelle pratique.
D’ici là, je te souhaite un bel été.
Bon repos.
À très vite,
— Quentin 💌
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