Vaincre l'ennui de tes apprenants pendant la correction d’un cas pratique.
En bonus : +5 formats interactifs pour maintenir la dynamique d'apprentissage pendant tes phases de débriefing.
Bonjour 👋
Bienvenue dans cette 27e édition de Superformateur !
Soyons honnêtes.
La phase de correction d’un cas pratique, c’est un peu la traversée du désert pour pas mal de formateurs.
Tes apprenants viennent de vivre un temps fort : une mise en situation, un cas pratique, un échange riche vécu entre pairs… Les idées fusent, les cerveaux sont en ébullition. Et puis, soudain, vient le moment de la correction.
Et là, c’est le drame : en un instant, l’élan retombe et la dynamique s’affaisse.
Résultat :
Les participants décrochent, prennent des notes de manière automatique (ou pas), et cette séquence qui pourrait être ultra-riche devient un tunnel où le formateur sort son savoir pendant que le groupe, lui, glisse doucement vers une forme de léthargie pédagogique.
Mais bonne nouvelle : il existe des leviers très concrets pour garder la flamme avec tes apprenants pendant cette phase-là. 🔥
Pas besoin de tout révolutionner.
Juste de changer ta posture et intégrer un peu de méthode.
Pourquoi la correction d’un cas pratique fait souvent chuter la dynamique (et comment éviter ça) ?
Tu veux savoir pourquoi tu rames parfois pendant la correction de tes activités pédagogiques ?
C’est (souvent) pour ces raisons :
Trop descendante : le formateur passe en mode magistral, et le groupe revient à un rôle passif.
Pas assez impliquante : les apprenants n’ont pas à “refaire” ou “rejouer”, juste à écouter. C’est un mauvais plan.
Trop déconnectée de leur expérience immédiate : on ne part pas de ce qu’ils ont vécu ou pensé.
Trop longue : quand ça dure plus de 15-20 minutes sans interaction… l’attention explose en vol.
Et pourtant, l’étape dédiée à la correction est une mine d’or pédagogique.
C’est à ce moment-là qu’on peut faire de vrais ancrages, confronter les représentations, clarifier les zones grises, renforcer les réflexes professionnels…
Mais pour ça, il faut revoir la façon dont on vit cette séquence.
Pas comme un moment à subir ou à dérouler, mais comme un terrain de jeu pour activer l’intelligence collective.
Booster la dynamique apprenante pendant la correction : la méthode CRISP.
Tu as le sentiment de n’avoir aucun impact pendant la correction de ton cas pratique ?
J’utilise une méthode (que j’ai inventée) pour t’accompagner pas à pas dans tes phases de débrief. Cette méthode, c’est CRISP.
Décomposée en 5 leviers, elle permet de rendre mes corrections vivantes, engageantes et créent de la transformation chez mes apprenants.
(Tu n’es pas obligé.e d’utiliser absolument ces 5 leviers. Tu peux en choisir autant que tu veux).
C comme Comparer :
Avant de donner la bonne réponse, je fais comparer les solutions entre elles :
“Qui a fait un choix différent ? Pourquoi ?”
“Qu’est-ce que vous auriez changé si…”
Tu réactives le débat et tu mets le projecteur sur les raisonnements, pas uniquement sur les résultats.
R comme Rejouer :
Propose une nouvelle mini-consigne :
“Et si on rejouait juste cette séquence avec la consigne modifiée ?”
“Qui veut rejouer la scène avec ce nouvel élément ?”
Ce levier permet une expérimentation en temps réel. C’est ultra-puissant pour ancrer l’apprentissage et travailler la transformation.
I comme Impact :
Au lieu de dire “c’était bon ou pas bon”, demande :
“Qu’est-ce que cette action aurait généré comme impact si on l’avait vraiment fait en situation réelle ?”
“Quel risque tu vois dans cette manière de faire ?”
On dézoome et on relie aux enjeux du métier. Le groupe voit l’utilité des ajustements.
S comme Synthétiser (à plusieurs) :
J’invite le groupe à co-construire les points-clés :
“Ok, à partir de tout ce qu’on vient d’échanger, quels sont les 3 réflexes à garder en tête dans cette situation ?”
Je les fais formuler, je favorise l’appropriation et je réduis la dépendance à “ce que je pense en tant que formateur”.
P comme Projection :
Aide tes apprenants à transposer :
“Dans vos contextes à vous, ça ressemblerait à quoi ?”
“Qu’est-ce que vous pourriez tester la prochaine fois dans une situation similaire ?”
Là, je m’assure que le savoir se transforme en intention d’action.
Et j’en profite pour planter la graine du transfert.
Ici, je peux aussi utiliser la matrice KISS (que j’ai partagée dans une précédente édition).
+5 formats interactifs pour corriger sans retomber dans le cours magistral.
Voici 5 formats que tu peux utiliser dès maintenant pour remuer les cerveaux de tes apprenants durant la phase délicate de la correction.
Le “mur des hypothèses”
Comment ça marche ?
Tu affiches les grandes étapes du cas, et pour chaque étape, tu invites les participants à coller leurs hypothèses, leurs choix ou leurs analyses (post-its, tableau, outil collaboratif…).
Puis tu fais réagir le groupe :
“Lequel de ces choix vous paraît le plus risqué ? Le plus pertinent ?
Pourquoi ça marche ?
Tu valorises la diversité des points de vue avant d’apporter des éléments de correction.
Et tu engages tout le monde, pas seulement ceux qui parlent facilement.
La correction par le jeu de rôle inversé
Comment ça marche ?
Ce format est surtout utilisé lors de jeu de rôles ou simulations. Les participants rejouent une scène du cas, mais cette fois, avec les rôles inversés (par exemple : le client devient le commercial, etc.)
Pourquoi ça marche ?
Ils sont obligés de changer de perspective, ce qui fait émerger des prises de conscience inédites.
Et c’est souvent très drôle (ce qui ne gâche rien).
Le miroir croisé
Comment ça marche ?
Tu formes des binômes. Chaque binôme observe une autre équipe, puis restitue :
“On a aimé ça, on a été surpris par ça…”
Pourquoi ça marche ?
L’analyse par les pairs est souvent plus percutante que celle du formateur.
Et elle installe une vraie culture de feedback dans le groupe.
Le “quizz flash” d’ancrage
Comment ça marche ?
Tu transformes les points-clés du cas en un quiz rapide (type Kahoot).
Pourquoi ça marche ?
Ça remet une touche de jeu, ça oblige à mémoriser, et ça te permet de voir ce qui a vraiment été intégré.
C’est ludique et facile à mettre en place (même si ce n’est pas mon préféré).
La carte mentale collective
Comment ça marche ?
À la fin de la correction, tu construis une carte mentale à plusieurs (sur paperboard ou outil numérique), qui synthétise les bonnes pratiques, erreurs à éviter, points de vigilance…
Pourquoi ça marche ?
Tu visualises la structure du savoir. Et les apprenants repartent avec un livrable sur lequel ils peuvent revenir pendant la formation ou post-formation.
C’est un format que j’utilise régulièrement. Attention : je recommande de ne pas trop en user et d’éviter d’utiliser ce format aux dernières minutes de ta formation. Les participants sont fatigués et les productions moins riches (ou bâclées).
La méthode des 3 points
Comment ça marche ?
Chaque participant note (individuellement) à la fin de la correction :
1 chose qu’il a comprise ou retenue
1 chose qu’il veut creuser ou ne comprend pas encore
1 chose qu’il va tester dans ses pratiques
Tu peux ensuite faire un tour de table (ou un sondage anonyme).
Pourquoi ça marche ?
Tu les rends actifs jusqu’à la fin, tu favorises la projection, et tu détectes les besoins de consolidation.
Les erreurs à éviter quand tu veux rendre la correction plus vivante
🛑 Tout vouloir corriger :
Tu n’es pas obligé de revenir sur chaque détail du cas : concentre-toi sur les leviers d’apprentissage majeurs.
🛑 Vouloir donner “la bonne réponse” trop vite :
Laisse du temps au groupe pour confronter ses idées, se questionner. Ta parole n’est pas toujours importante : c’est un levier parmi d’autres.
🛑 Croire que interactivité = gadgets :
Pas besoin de jeux tous les deux minutes. Ce qui compte, c’est l’intention pédagogique derrière chaque séquence.
🛑 Oublier de structurer la restitution :
Même une correction participative a besoin de clarté : synthèses, temps de respiration, articulation logique.
🛑 Réserver la parole aux plus actifs :
Multiplie les formats d’expression : post-its, écrit individuel, binômes… pour ne pas avoir 20% des voix qui parlent pour tout le groupe (cela arrive souvent).
Pour conclure :
La correction d’un cas pratique peut devenir un véritable temps fort de ta formation à condition de l’envisager comme un moment d’apprentissage collectif (et non comme un passage obligé et descendant).
En t’appuyant sur les principes de ma (super) méthode (CRISP), tu crées les conditions d’une meilleure mémorisation, d’une appropriation plus active et d’une transposition plus efficace des savoirs. Grâce à la variété des formats, tu maintiens aussi la dynamique de groupe, tout en stimulant la réflexion individuelle et collective de tes apprenants.
Indispensable.
Voilà, c’est tout pour cette édition.
On se retrouve la semaine prochaine pour le décryptage d’une nouvelle pratique.
À très vite,
— Quentin 💌
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